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TRANSFORMER L'ESPACE PUBLIC

Les œuvres sont la plupart du temps présentées à un public dans des espaces privés, que ce soient des galeries, des musées ou des espaces d’expositions.

Parallèlement à ces pratiques s’est développé le street art, qui investit au contraire l’espace public, parfois sauvagement.

L’idée des déambulations photographiques est de mélanger ces deux mondes, en proposant de vivre une expérience artistique dans la rue qui ne s’impose pas dans la durée.

Les seules traces laissées sont les souvenirs de l’espace public réinventé et détourné par des projections lors d’une balade urbaine lumineuse et éphémère.

La déambulation photographique invite le public à une performance artistique qui le mettra en présence de l’œuvre en construction.

C’est la co-présence d’un public et de l’équipe des déambulations photographiques qui fait œuvre.

 

Il s’agit aussi d’une rencontre entre une histoire personnelle et un espace architectural et urbain, sélectionné et redessiné pour participer à la narration de cette ou de ces histoires. La déambulation est une sorte de réalité augmentée, personnelle et spectaculaire.

 Comme un skateur détourne et regarde différemment la ville pour en créer un usage personnel et inventif, les déambulations photographiques réorganisent l’espace public et architectural pour une expérience artistique collective éphémère.

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QU'EST-CE QU'UNE DÉAMBULATION PHOTOGRAPHIQUE ?

Une déambulation se décompose en quatre phases.

Le premier temps est la création de plusieurs séries photogaphiques augmentées d'un texte (ce que j'appelle phlog - une sorte de journal photographié). Une série est produite dans un espace-temps très circonscrit. En général : une ville et en moins de quinze jours.

Sur cette série est surperposée une histoire personnelle, une réflexion, écrite mot après mot, phrase après phrase, sur toutes les photos.

Dans un deuxième temps, je rassemble plusieurs séries autour d'une histoire plus large, qui va englober les narrations des différentes séries et qui est écrite spécifiquement pour chaque déambulation.

Dans un troisième temps a lieu le repérage du parcours. La géographie d’une déambulation peut découler d'une série photos : un endroit qui à donné lieu à une série a été le point d’arrivée d’une déambulation qui s’est déroulée à Lille le 11 octobre 2014.

A l'opposé, la déambulation de Montréal le 21 mars a été repérée pour ses qualités architecturales uniquement et pour ses ambiances. Elle débutait au croisement des rues Peel et Sherbrooke avant de s’enfoncer dans les ruelles étroites entre les immeubles.

Dans tous les cas, le choix d’un circuit est toujours lié à la narration de la déambulation photographique : en résonance, en contradiction, en complémentarité ou superposition d’espaces-temps (à Québec eût lieu la projection de la façade d’une maison métallique réalisée en automne sur cette même maison en hiver).

Les interactions entre la narration et les spécificités architecturales et urbanistiques de la déambulation sont étudiées : jeu entre l’image et les éléments architecturaux  (les jambes de tel personnage projeté semblent reposer sur un élément de façade par exemple), choix de lieux chaleureux ou enveloppant pour des séries de photos intimes (la série le bain à Avignon, au fond d’une ruelle) ou glaçant (une ruelle sombre entre deux immeubles pour la série lumineuse mais nocturne des 26 stations services).

 

Enfin, le temps de la déambulation elle-même.

En amont, une invitation a été lancée via les réseaux sociaux et quelques flyers imprimés et distribués de la main à la main. La jauge est généralement limitée à 50 personnes. Un rendez-vous est fixé à un endroit et à une heure donnés.

Là, un texte est projeté sur une façade. Il indique le départ imminent de la déambulation photographique. Le texte est projeté grâce à un vidéoprojecteur alimenté par une batterie qui tient dans un sac à dos, et c'est moi qui porte ce dispositif. Une seconde personne de l’équipe des déambulations photographiques accueille également le public, l’accompagne, le guide et joue avec lui.

Ensuite, les textes amènent des séries de photos qui amènent d’autres textes. Environ six séries de textes/images sont projetées.

 Et la déambulation se termine avec une fin projetée. S’en suivent alors des discussions qui font partie du processus et qui sont souvent constructives pour l’évolution du projet d’une déambulation à une autre.

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